Devra-t-il Félix Tshisekedi choisir entre son parti et ses alliés en RDC ?
Le chef
de l'État se trouve face à un dilemme complexe avec le choix du Premier ministre et la composition du gouvernement, suscitant des préoccupations quant à la satisfaction de tous les acteurs. À Kinshasa, la question de la succession de Sama Lukonde Kyenge, Premier ministre depuis février 2021, demeure au cœur des négociations, un mois et demi après la réélection de Félix Tshisekedi pour un second mandat.
Passant de la fonction d'informateur chargé d'identifier la majorité parlementaire à celle de formateur, Augustin Kabuya, reconduit en tant que secrétaire général de l'UDPS, se voit maintenant attribuer la mission officielle de poursuivre les consultations au sein de l'Union sacrée. Avec les discussions bien avancées, plusieurs sources indiquent que Kabuya et son équipe se concentrent désormais sur l'élaboration des contours du futur gouvernement, évoquant même humoristiquement sa transformation d'informateur à formateur dans les cercles majoritaires.
Malgré l touche humoristique, la tâche s'avère complexe. Le choix du prochain Premier ministre pose un défi de taille pour le chef de l'État, Félix Tshisekedi. Bien qu'il ait été réélu avec une large majorité à l'Assemblée, la composition et la cohérence des partis au sein de l'Union sacrée restent à clarifier. En début de son second mandat, Tshisekedi doit veiller à l'unité de son camp pendant les négociations délicates autour des postes et des responsabilités ministérielles.
Le choix délicat du Premier ministre et la composition gouvernementale deviennent une énigme pour Félix Tshisekedi en RDC, confronté à la gestion des aspirations, notamment au sein de son propre parti, l'UDPS. Malgré son statut de parti présidentiel, l'UDPS a traversé son premier mandat avec une double identité : majoritaire dans les législatives récentes, elle doit maintenant équilibrer les ambitions internes tout en collaborant avec des formations diverses. Avec près de 70 sièges et une influence politique accrue, l'UDPS revendique légitimement sa contribution majeure à la victoire présidentielle.
Au sein du parti historiquement ancré dans l'opposition congolaise, les ambitions florissantes pour le nouveau mandat ne sont un secret pour personne. Lors des consultations dirigées par Augustin Kabuya, la délégation de l'UDPS a clairement exprimé son attente que le Premier ministre et le président de l'Assemblée nationale proviennent de ses propres membres.
L'appétit politique de l'UDPS peut-il coexister avec les ambitions des autres acteurs majeurs de la coalition ? La deuxième force politique du pays, l'UNC de Vital Kamerhe, a récemment fait sensation en formant un regroupement politique de plus de 100 députés au sein de l'Union sacrée. Cette initiative, impliquant deux ministres et un cousin du président, a été interprétée comme une stratégie visant à renforcer les positions de Kamerhe lors des négociations pour la répartition des responsabilités. Lors de la session inaugurale de l'Assemblée nationale, cette manœuvre a valu à Kamerhe quelques réactions hostiles, symbolisées par des sifflets.
L'ancien directeur de cabinet, un politicien expérimenté, avait rapidement apaisé les tensions en déclarant qu'il n'était candidat ni au poste de Premier ministre ni à celui de président de l'Assemblée nationale, laissant ces décisions à la discrétion du président de la République. Cependant, cette logique de partage basée sur le poids politique a suscité des tiraillements au sein de la majorité, surtout parce que certains partis de l'Union sacrée se sentent lésés après les récentes élections législatives. Le MLC de Jean-Pierre Bemba, actuel vice-Premier ministre de la Défense nationale, a notamment obtenu moins de sièges qu'auparavant, générant des sentiments de frustration au sein de ce parti.
L'attention se tourne-t-elle vers le Kongo-Central ? Avec de nombreux recours en attente suite à l'annonce des résultats, la composition définitive de l'Assemblée nationale reste indécise. Malgré cela, la question se pose : la logique du nombre l'emportera-t-elle ? Après la formation de l'Union sacrée, le partage des postes au sein du nouveau gouvernement était théoriquement basé sur un ratio d'un portefeuille pour huit sièges de députés. Cependant, il semble que cette règle n'ait pas encore été formellement validée cette fois-ci, selon plusieurs sources.
Dans un contexte aussi complexe, les pronostics sur l'identité du futur chef du gouvernement demeurent incertains. Outre le poids politique, d'autres critères tels que la stature politique entrent en jeu. Félix Tshisekedi optera-t-il pour une personnalité affirmée ou un profil discret, évitant ainsi l'ombre, comme c'est le cas avec son actuel Premier ministre ? L'équilibre géographique sera également un facteur, ayant joué en faveur de Sama Lukonde Kyenge en tant que natif du Katanga, province d'origine de nombreux cadres du régime précédent. Si Lukonde n'est pas reconduit, l'idée d'un Premier ministre originaire du Katanga n'est pas écartée, certains proches du président y voyant un avantage stratégique dans une région où Tshisekedi a été battu par Moïse Katumbi.
En coulisse, des proches du chef de l'État ont discrètement plaidé en faveur d'un chef du gouvernement originaire de la province du Kongo-Central. Cette suggestion repose sur le fait que cette province a été l'un des bastions électoraux du président sortant, n'ayant jamais eu de représentant à ce poste jusqu'à présent.
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