Quelles raisons expliquent la persistance des sanctions américaines au Zimbabwe ?
Les États-Unis ont récemment ajusté leurs sanctions contre le Zimbabwe, passant d'un régime général à des mesures plus spécifiques visant l'élite dirigeante, notamment le président Emmerson Mnangagwa et son proche collaborateur Constantino Chiwenga. Bien que l'annonce de la fin des sanctions ait pu créer l'illusion d'un soulagement, elle a été suivie par la mise en place d'un nouveau régime punitif ciblant spécifiquement le pouvoir en place au Zimbabwe.
Le président zimbabwéen, son épouse Auxilia et le vice-président Constantino Chiwenga figurent parmi les onze individus et trois entités ciblés par le programme Global Magnitsky, des sanctions américaines internationales qualifiées de "plus adaptées" par l'administration Biden. La transition vers ce nouveau régime a réduit la liste des personnes sanctionnées de 98 à 14, suscitant des réactions mitigées. Bien que cette approche allégée mette fin à la stratégie de sanctions généralisées, elle se concentre désormais sur les dirigeants du Zimbabwe, provoquant des réponses contrastées au sein du pays.
Le président Emmerson Mnangagwa a critiqué cette nouvelle politique, soulignant qu'elle ne méritait pas de sourire, tandis que les sanctions américaines, européennes et britanniques, qui prétendent avoir coûté au Zimbabwe 150 milliards de dollars depuis 2001, sont contestées. Les critiques, comme le journaliste zimbabwéen Hopewell Chin’ono, rejettent la responsabilité des difficultés économiques sur la mauvaise gouvernance et la corruption plutôt que sur les sanctions.
L'enquête Gold Mafia suggère que la fuite illégale d'or, orchestrée par des proches du président, privant le pays de revenus substantiels, pourrait être la principale source de perte économique. Bien que le département d'État américain nie que les difficultés économiques du Zimbabwe soient dues aux sanctions, il suggère que l'allègement pourrait créer des opportunités pour les entreprises locales.
La réaction des dirigeants africains à l'annonce d'une transition vers un régime de sanctions allégé varie. Le président zambien Hakainde Hichilema salue cette décision comme une preuve d'écoute de la part du président Biden envers ses partenaires africains, tandis que d'autres, comme le Sénégalais Macky Sall, ont plaidé pour la levée totale des sanctions. Malgré ces positions, les États-Unis maintiennent leur fermeté, soulignant leur engagement à mettre fin à la corruption au Zimbabwe, même si l'efficacité des sanctions dans l'avènement d'une démocratie reste controversée après deux décennies.
Enregistrer un commentaire